Facebook : quelles menaces ? 5 avis d’experts
Le Monde Magazine de cette semaine (9 octobre 2010) fait sa couverture sur Mark Zuckerberg, patron de Facebook : « LâAmi n°1 » et consacre un large article (signĂ© FrĂ©dĂ©ric Filloux, ex-LibĂ©ration et 20 minutes) : « Facebook tisse sa toile » oĂč il est question du succĂšs incontestable du rĂ©seau social auprĂšs du grand public (un demi-milliard dâutilisateurs dans la monde) mais aussi des menaces quâil fait peser sur notre vie privĂ©e. Le plus intĂ©ressant dans ce papier-dossier : lâavis de 5 experts sur Facebook et ce pourquoi le rĂ©seau social fait peur, questionne et dĂ©range :
Nicholas Carr, Ă©crivain amĂ©ricain et auteur d’articles sur les technologies dont le fameux « Google nous rend-t-il stupide » (2008) :
« Les rĂ©seaux sociaux provoquent la dispersion. Ils sont conçus prĂ©cisĂ©ment pour nous interrompre en nous abreuvant dâun flux constant de messages que, dans un certain sens, nous trouvons intĂ©ressants. Par consĂ©quent, ils crĂ©ent un besoin compulsif de vĂ©rifier constamment ce qui sây passe, mĂȘle si câest sans intĂ©rĂȘt, dans un dĂ©tournement constant de notre attention visuelle et mentale (âŠ) Facebook est un bon exemple de la technologie tirant le discours vers le bas. Depuis ses origines, il encourage la trivialitĂ© du propos. Nous basculons vers une conception principalement utilitariste des relations sociales et intellectuelles. Tout se rĂ©sume Ă un problĂšme de « mĂ©dia » : Ă©tablir une connexion, Ă©changer une information « utile ». Avec cette mutation, on perd tout simplement lâidĂ©e que, parfois, une approche contemplative et solitaire puisse contribuer Ă la profondeur de la pensĂ©e (âŠ) (Objectif ultime de Mark Zuckerberg, patron de Facebook) Tisser une toile qui contrĂŽlera toute la structure sociale et lâidentitĂ© de ses membres ».
Tariq Krim, entrepreneur français, créateur de Netvibes :
«Les rĂ©seaux sociaux ont ajoutĂ© des couches successives dâinteractions qui se sont finalement rĂ©vĂ©lĂ©es nâĂȘtre rien dâautre que du stress (âŠ) On reçoit des sollicitations constamment et on en est inondĂ©es, alors que lâe-mail nous prenait dĂ©jĂ 2 heures Ă 5 heures par jour. Ca finit par nous vider. LâĂ©lite mondiale souffre aujourdâhui dâun syndrome de dĂ©ficit dâattention chronique. Il faudra faire migrer tout cela vers un environnement plus simple, plus zen (âŠ) Notre sens critique, notre capacitĂ© Ă embrasser des thĂšses iconoclastes par exemple disparaissent. Tout converge autour des mĂȘmes idĂ©es dans une boucle sans fin. Ca me dĂ©sespĂšre. »
David Kirkpatrick, auteur de The Facebook Effect, ouvrage sur le rĂ©seau social du mĂȘme nom (Simon & Schuster , 2010) et journaliste Ă Fortune :
« Facebook prend en charge les identitĂ©s des individus une prĂ©rogative qui Ă©tait rĂ©servĂ©e jusquâici aux Etats (âŠ) Mark Zuckerberg (patron de Facebook) est la personne la moins cynique que je connaisse. Il est tout sauf insensible aux questions sur la vie privĂ©e (âŠ) Mark considĂšre que notre capacitĂ© Ă contrĂŽler les informations qui nous concernent tend Ă sâĂ©roder de façon inexorable, mais que dans le mĂȘme temps le succĂšs de Facebook dĂ©pendra largement des possibilitĂ©s offertes aux utilisateurs de contrĂŽler leur rĂ©seau (âŠ) Il nâest pas spĂ©cialement impressionnĂ© par le fait que Facebook a dĂ©passĂ© les 500 millions de membres. Lui viserait plutĂŽt les 7 milliardsâŠÂ »
Michel Béra, chercheur, normalien, agrégé de Mathématiques :
« Aujourdâhui, si un abonnĂ© tĂ©lĂ©phonique quitte son opĂ©rateur mobile et refait surface sous un autre nom chez un autre opĂ©rateur, on pourra le retrouver en faisant Ă©merger, parmi des millions dâappels, la trame de ses connexions personnelles
Pierre Bellanger, fondateur de la station de radio Skyrock et de la plateforme Skyblogs :
« (Sur Facebook) on oublie progressivement quâon sâadresse Ă un groupe de plus en plus large. Insidieusement, on ne parle plus Ă son groupe, mais Ă la multitude â tout en donnant de plus en plus dâinformations sur soi-mĂȘme ».
Commentaires fermés