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Facebook ou l’ultra-moderne solitude

17 octobre 2010

Luis de Miranda, philosophe, romancier et Ă©diteur questionne notre sociĂ©tĂ© ordinatrice dans son dernier essai « L’Art d’ĂȘtre libre aux temps des automates » (Editions Max Milo). Possesseur d’une page Facebook, il s’interroge sur les amitiĂ©s cliquables, lui qui est Ă  l’origine du livre de Ben Mezrich (« La Revanche d’un solitaire ») dont s’inspire le film « The Social Network » de David Fincher. Luis de Miranda donne son point de vue sur le relationnel via Facebook dans le supplĂ©ment TĂ©lĂ©Obs du Nouvel Observateur (14 au 20 octobre 2010) ; extrait

« Plus le virtuel contient de pseudo-amis, moins la rĂ©alitĂ© nous en fournit d’authentiques. Car plus je plaque une solution de consommation dĂ©jĂ  toute faite, plus je m’éloigne de ma propre capacitĂ© Ă  crĂ©er. L’amitiĂ©, comme l’amour, implique de prendre des risques, de se mettre en danger, de se dĂ©passer. Elle se nourrit de l’altĂ©ritĂ©. L’amitiĂ©, c’est la dialectique, pas le clic !

Aujourd’hui, on est dans l’archivage immĂ©diat : j’ai rencontrĂ© quelqu’un, hop, j’archive. Ce stockage est, selon moi, l’expression d’un fatalisme contemporain. On espĂšre toujours que le prochain clic sera celui du miracle. On compile pour mettre plus de chances de notre cĂŽtĂ©, selon notre mode de pensĂ©e actuel qui est probabiliste et statistique. En rĂ©alitĂ©, le miracle est le rĂ©sultat d’une action amoureuse entre soi et la vie. Cela s’appelle rejoindre son destin. Et ça peut arriver n’importe oĂč


(Sur Facebook), on est en effet censĂ© mettre en avant ce qui fait notre singularitĂ©. En rĂ©alitĂ©, sur Facebook, on créé trĂšs peu de chose. On est dans un univers « all inclusive », bercĂ© par cette ritournelle : « Ne vous inquiĂ©tez pas, on s’occupe de tout. » Evidemment, c’est lĂ  qu’il faut commencer Ă  s’inquiĂ©ter ! Car on risque de sacrifier sa libertĂ©.
Facebook, c’est la batterie d’élevage ! On nous standardise, on fait de nous des animaux qui ont Ă  peu prĂšs toujours le mĂȘme type de comportement. Comme d’autres producteurs du rĂ©el – mĂ©dias, cinĂ©ma, Ă©dition -, Facebook contribue Ă  standardiser nos caractĂšres et nos Ă©motions en reproduisant des normes et en imposant des modes de communication les plus simplifiĂ©s possible. Le but est de tuer la poĂ©sie et le beau monstre de l’imprĂ©vu. »

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