Une poésie du numérique
Existe-t-il une poésie du numérique et de l’Internet ? Celle d’une thématique effrontée qui cherche à produire du sens sur les technologies qui forgent notre travail, notre quotidien, notre vie…
De cette exploration musicale des mots, du collage des outils modernes numérique, de variables expérimentales, l’écrivain et poète français Patrick Bouvet donne à voir et à énoncer dans son dernier recueil de poésie : « Open Space » paru en octobre 2010 (dans la collection Extraction, aux éditions Joca Seria) avec une emprise de mots syncopés, de poèmes rythmés, scintillants et joueurs : une vision en courbes d’oscilloscopes qui évoque les violences dans notre société médiatique et technologique. Les vers y sont cours, les mots pesés et justes, l’évanescence contrôlée.
Patrick Bouvet offre une graduation imagée de souvenirs d’un âge éperdu où la technologie faisait rêver – le « retour vers le futur » rassure l’individu contemporain qui se passionnait pour le nirvana de la découverte d’un nouveau monde vu comme la dernière frontière vers… :
« Ils ont grandi
avec les premiers jeux
vidéo
ils ont la nostalgie
de cette technologie
qu’ils trouvaient
magique »
Aujourd’hui, l’univers du quotidien est amarré à des tâches répétitives, à une codification du geste dans son aspect factuel et symbolique, faits séquencés observables et observé :
« Envoyer et recevoir
des messages
taper
des mots de passe
****
utiliser son pseudo
entrer
des codes »
Il faut évoluer, virevolter entre les technologies… Le collectif numérique est-il un miroir de soi, de l’entre-soi ou le gage du reflet d’un collectif ? Le travail est-il juge ou facteur d’épanouissement ? Il se veut surtout synonyme d’une accélération :
« Elle se déplace
entre les écrans
l’open space
fonctionne
à une vitesse supérieure
un espace vibrant
à la surface miroitante »
Et puis il y a le jeu technologique, où l’information se fait « vie », où le flux s’abreuve du systèmeet inversement, où les données s’enchaînent et se déchaînent… Une course avec ou contre le temps ?
« Le flux
incontrôlé
tombe
inlassablement
sur les écrans »
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