Aller au contenu principal

Les fake news : 22 faits et idĂ©es pour comprendre et agir

12 avril 2017

faussesnouvellesLes Fake News (fausses nouvelles) en petits mots. L’expression a ressurgi du vocabulaire journalistique Ă  l’occasion de l’Ă©lection prĂ©sidentielle amĂ©ricaine en 2016. Tour d’horizon des fake news en petits mots pour mieux les apprĂ©hender, les comprendre et agir… au fil d’idĂ©es, de chiffres et d’Ă©tudes.

22 points pour réfléchir sur les fake news

Like

« BientĂŽt, chaque « like » sur Facebook vous coĂ»tera 10 centimes. » (FranceInfo, 24 novembre 2016).

Ineffaçable

« Il y aussi une notion qui revient souvent, celle d’effacer les contenus, mais en digital on n’efface rien. L’effacement n’existe pas. » Catherine Lejealle, sociologue (France Info, 5 avril 2017).

Réseaux sociaux et jeunes

« Sur Internet, les rĂ©seaux sociaux sont la principale source d’information des plus jeunes (41 % des 18-24 ans). Mais ces derniers, comme la moyenne des Français (73 %), accordent peu de crĂ©dit Ă  ce qu’ils y trouvent. Internet recule encore au niveau de la confiance, alors que sa pratique se banalise. » (BaromĂštre annuel sur la confiance dans les mĂ©dias par La Croix/Kantar Sofres/Kantar MĂ©dia, 2 fĂ©vrier 2017).

Argumentaire et fact checking

« Pour contrer une fausse info, il faut travailler sur l’argumentaire (…) Le ‘fact checking’ ne doit pas seulement indiquer qu’une info est un mensonge, il doit aussi travailler sur la maniĂšre de dire que c’est de l’intox. » Jean-Marie Charon, sociologue (24 Matins, 26 janvier 2017).

Copié-collé

« Sur l’actualitĂ© chaude, sur ce qui fait Ă©vĂ©nement, nous avons montrĂ© que 2/3 du contenu Ă©tait en fait du copiĂ©-collĂ©, ce qui vient, d’une part, d’une utilisation trĂšs forte des dĂ©pĂȘches d’agences, que ce soit l’AFP mais aussi Reuters ou Associated Press. D’autre part, cela est liĂ© au fait qu’on a malheureusement des rĂ©dactions qui ont pas mal rĂ©duit la voilure. » Julia CagĂ©, Ă©conomiste (L’Information Ă  tout prix, Analyse de l’intĂ©gralitĂ© du contenu produit en ligne par les mĂ©dias d’information en France sur l’annĂ©e 2013, 22 mars 2017).

mains

Crédulité

« Le dĂ©veloppement d’Internet ainsi que des rĂ©seaux sociaux, qui nous donne accĂšs Ă  une information plĂ©thorique et dĂ©rĂ©gulĂ©e, ne nous a pas transformĂ©s. Il rĂ©vĂšle simplement un secret de polichinelle que les idĂ©ologues ont toujours voulu cachĂ©. Ce secret, c’est notre mĂ©diocritĂ© commune, notre avarice intellectuelle et cognitive, notre disposition Ă  la crĂ©dulitĂ©. »Â Monique Hirschhorn, sociologue (Marianne, 20 fĂ©vrier 2017).

Fact-checking

« Antidote Ă  la dĂ©sinformation, le fact-checking n’aurait cependant aucune incidence sur les votes du public, nous assure une nouvelle recherche anglophone. » (Etude publiĂ©e par la Royal Society Open Science, 4 mars 2017).

Négativité

« La nĂ©gativitĂ© amĂšne Ă  un sentiment d’impuissance et d’anxiĂ©tĂ© et le public se dĂ©connecte donc volontairement de l’actualitĂ©. Bien que les lecteurs soient attirĂ©s instinctivement par les titres alarmistes, ils considĂšrent que la reprĂ©sentation nĂ©gative du monde livrĂ©e par les mĂ©dias ne correspond pas Ă  la rĂ©alitĂ©. »Â Denise Baden, psychologue (Le Figaro, 22 mars 2017).

Réaction de défense

« Une Ă©tude californienne montre que lorsque ses opinions politiques sont remises en question, le cerveau dĂ©clenche une rĂ©action de rĂ©sistance, de dĂ©fense, comme s’il s’agissait d’une croyance religieuse. » (Neural correlates of maintaining one’s political beliefs in the face of counterevidence, 29 dĂ©cembre 2016).

Bulle d’information

« Nous sommes passĂ©s de plateformes communes Ă  des plateformes de plus en plus fragmentĂ©es, qui produisent un monde dans lequel chacun vit dans sa propre bulle d’information. Or dans ce monde-lĂ , l’idĂ©e mĂȘme d’une action politique orientĂ©e vers l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral est presque impossible. » Lawrence Lessig, professeur de Droit (Paris Innovation Review, 8 mars 2017).

pliagepapier

Bulles de filtre

« Le problĂšme des bulles de filtre est liĂ© au fait que le rĂ©seau social personnalise constamment notre expĂ©rience pour nous montrer des contenus avec lesquels nous sommes dĂ©jĂ  d’accord ou Ă  propos desquels nous Ă©prouvons un intĂ©rĂȘt a priori. » Romain Ligneul, chercheur en neurosciences (LibĂ©ration, 4 avril 2017).

Emetteurs médiatiques

« Nous subissons aussi un excĂ©dent d’émetteurs mĂ©diatiques qui nous apportent sans cesse des nouvelles polluĂ©es, de fake news parmi lesquelles nous avons du mal Ă  faire le tri, et qui concentrent nos croyances dans des dĂ©lais toujours plus courts. » Gianni Haver, sociologue (Le Temps, 15 mars 2017).

Post-vérité

« Post-truth » (post-vĂ©ritĂ©) a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© « mot de l’annĂ©e 2016 » par l’Oxford Dictionary. Selon le dictionnaire britannique, le terme est devenu « un pilier du commentaire politique », son usage ayant augmentĂ© de 2.000 % par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. » (TĂ©lĂ©Obs, 17 dĂ©cembre 2016).

Post-vérité et vérité

« Il n’y a pas de post-vĂ©ritĂ© parce que jamais il n’y eut, oĂč on prĂ©tendit qu’il y en eut, la moindre vĂ©ritĂ©, ni mĂȘme le moindre souci de la vĂ©ritĂ©. Confondre la vĂ©ritĂ© et les faits, et les procĂ©dures journalistiques de vĂ©rification, est en matiĂšre de pensĂ©e une bĂ©vue d’analphabĂšte. » Pascal BacquĂ©, poĂšte (La RĂšgle du jeu, 10 mars 2017).

Preuves

« Parler de preuves ou de donnĂ©es ne change en gĂ©nĂ©ral pas l’avis d’un sceptique sur un sujet particulier, que ce soit le changement climatique, les organismes gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s ou les vaccins. Les gens utilisent la science et les faits pour renforcer leur opinion personnelle, et vont minimiser ce avec quoi ils sont en dĂ©saccord… Ils ne vont pas forcĂ©ment nier ces derniers, mais vont dire qu’ils sont moins pertinents. » Troy Campbell, psychologue (L’Obs, 28 fĂ©vrier 2017).

the

Contexte et interprétation

« Google et Facebook ne pourront jamais standardiser une fausse information pour qu’elle soit reconnue par leurs algorithmes. Finalement, la caisse de rĂ©sonance qu’ils offrent aux fausses informations n’est que le symptĂŽme de la maladie du systĂšme mĂ©diatique qui ne cesse de s’accĂ©lĂ©rer. Cela se traduit par une information de plus en plus courte, donc moins contextualisĂ©e et prĂȘtant plus Ă  l’interprĂ©tation. » Pascal Froissart, sociologue (TĂ©lĂ©Obs, 17 dĂ©cembre 2016).

Facebook

« Sur Facebook, vous vous endoctrinez vous-mĂȘme avec vos propres opinions. Vous ne rĂ©alisez pas que ce que vous voyez n’est qu’une partie du tableau. Et cela a des consĂ©quences sur la dĂ©mocratie : pour ĂȘtre un bon citoyen, il faut que vous puissiez vous mettre Ă  la place des autres et avoir une vision d’ensemble. Si tout ce que vous voyez s’enracine dans votre propre identitĂ©, cela devient difficile, voire impossible. » Eli Pariser, militant Internet (Time Magazine, 16 mai 2011).

Articles sur de fausses infos

« Dans les trois mois prĂ©cĂ©dant l’Ă©lection prĂ©sidentielle amĂ©ricaine de 2016, les articles basĂ©s sur de fausses informations ont ainsi dĂ©clenchĂ© plus de rĂ©actions que ceux publiĂ©s par 19 grands mĂ©dias, selon une analyse des 20 posts ayant eu le plus de succĂšs rĂ©alisĂ©e par BuzzFeed. » (Les Echos, 24 novembre 2016).

Algorithmes

« Les algorithmes produisent une forme de dĂ©terminisme (dans la sĂ©lection des informations et les choix, nos choix, qui en dĂ©coulent). Ce dĂ©terminisme s’inscrit dans un rĂ©gime de vĂ©ritĂ© diffĂ©rent selon chaque plateforme, et quels que soient les diffĂ©rents rĂ©gimes de vĂ©ritĂ© des diffĂ©rentes plateformes, tous donnent une prime Ă  la tyrannie des agissants. Et il n’y a qu’une seule solution pour rĂ©gler ce problĂšme de dĂ©terminisme algorithmique et de biais dans les rĂ©sultats de recherche : remettre de l’entropie et de la dĂ©centralisation en crĂ©ant un index indĂ©pendant du web. » Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en Sciences de l’Information et de la Communication (Rue 89, 26 dĂ©cembre 2016).

tablette

Clickbait

« Il en va de mĂȘme sur Facebook, YouTube ou Reddit, qu’il est devenu facile de tromper en produisant des contenus accrocheurs (clickbait) relayĂ©s par de faux comptes : « Ces dispositifs sont des piĂšges pour l’attention car ils vont attirer l’attraction pour les contenus faciles, divertissants, excitants ou choquants. Ils sont donc vulnĂ©rables Ă  la manipulation. L’effet est particuliĂšrement fort sur les rĂ©seaux sociaux, notamment Facebook. » Benjamin Loveluck, chercheur en Sciences Sociales (Le Monde, 2 fĂ©vrier 2017).

Le plus de clics possible

« Nous traversons une pĂ©riode dans laquelle, malheureusement, ceux qui rĂ©ussissent sont ceux qui s’emploient Ă  faire le plus de clics possible, pas ceux qui essaient de transmettre la vĂ©ritĂ©. Cela dĂ©truit le cerveau des gens. Nous sommes nombreux Ă  nous plaindre de cela, mais personne n’a encore compris quoi faire. » Tim Cook, PDG d’Apple (FredZone, 12 fĂ©vrier 2017).

Conclusions rapides

« Vous vous ĂȘtes dĂ©jĂ  demandĂ© pourquoi les ĂȘtres humains, vous y compris, tiraient sans cesse des conclusions trop vite alors que ce n’Ă©tait pas vraiment appropriĂ© ? Pourquoi dĂ©cide-t-on d’avoir un avis sur des questions sans avoir toutes les informations nĂ©cessaires ? Selon une Ă©tude rĂ©cente, l’imagerie cĂ©rĂ©brale a montrĂ© que nous tirons des conclusions, ou prĂ©sumons connaĂźtre une situation prĂ©cisĂ©ment lorsque ce n’est pas le cas et que l’on est confrontĂ© Ă  un certain degrĂ© d’incertitude. Ce phĂ©nomĂšne, surnommĂ© « apprentissage ponctuel » (« one-shot learning » dans le texte), signifie que l’on se passerait du procĂ©dĂ© d’apprentissage graduel, qui nous permet de parvenir de façon logique à une connaissance, pour nous reposer sur une vision biaisĂ©e. » (Konbini, Mars 2017).

Crédits photos : Pixabay.

Commentaires fermés

%d blogueurs aiment cette page :